Humeur d'un confiné

Retraité confiné séparé de sa compagne pour cause de confinement cherche distraction. Cela ferait une belle petite annonce dans un quotidien ou sur un site de rencontre, mais ce n'est pas de son goût, alors il passe son temps près de la porte-fenêtre qui donne sur son jardin, devant l'écran de son ordinateur, tout en écoutant le téléviseur déclamer les nouvelles angoissantes du nombre de morts quotidiens décédés de cette bête sans vie et invisible, mais si infectieuse. Combien de temps va-t-il tenir quand on le prie de rester chez lui, ou de remplir un formulaire dérogatoire pour faire le tour du pâté de maisons, dans des rues salies par les détritus, mais vides de présence humaine ? Combien de semaines à dire bonjour à sa voisine et au voisin à leur fenêtre du portail.

Heureusement, une sortie seule peut l'égayer, celle de se rendre à la boulangerie pour voir la vendeuse charmante et son sourire complice de petits mots échangés sur le smartphone. Dix secondes d'humanité tout en protégeant son visage et sans toucher la main qui rend la monnaie, tout en faisant attention au prochain client éloigné de un mètre. Quand on y pense, c'est affreux de vivre une telle fiction. Se lever le matin en sachant la répétition de la journée passée, le doute sur les infos à venir : les décès sont-ils plus élevés que la veille, approche-t-on du déconfinement, de la fin de la privation de liberté bien obligée ? Et les voyages culturels  aux congés payés. et enfin retrouver sa compagne, derrière son masque, pouvoir l'embrasser,  rire - de loin - avec elle ? Ce n'est pas pour demain. Un monde qu'on n'aurait jamais cru possible ! L'internaute taquin pas très inspiré.