Stress,sans ressources, épuisé : l'après-confinement

Force est de constater que le déconfinement n’a pas redonné une franche forme à tout le monde. Pas davantage la perspective des vacances. Certains regrettent même l’enthousiasme des premiers apéros zoom… Alors que se passe-t-il ? Le monde d’après a-t-il définitivement enterré cette légèreté qui sied habituellement aux jours d’été ?

La digestion de la crise sanitaire reste difficile. Et va prendre du temps. Plusieurs études ont déjà montré que l’épidémie de Covid-19 n’a pas été sans effet sur la santé mentale des Français. L’une d’entre elles, dirigée par Pierluigi Graziani pour les universités de Nîmes et d’Aix-Marseille, a déjà récolté 3 763 témoignages via un questionnaire en ligne. Parmi les personnes interrogées, 15,1 % déclarent un niveau d’anxiété pathologique et 26,5 % un niveau de dépression pathologique.

Douze millions de personnes, soit une personne sur cinq, étaient suivies en psychiatrie avant la crise sanitaire pour des troubles types dépression, schizophrénie, troubles bipolaires, autisme… Des statistiques qui devraient croître dans les mois à venir. L’après-Covid sera psychiatrique a d’ores et déjà prévenu la fondation FondaMental. Aujourd’hui, la santé mentale s’impose de plus en plus comme une victime collatérale de cette pandémie. La psychiatrie fait face à un défi de taille, encore peu visible et largement sous-estimé. Il faut s’y préparer, alerte la fondation dans un manifeste publié fin mai.

Dans leur cabinet, les professionnels constatent une recrudescence des consultations. Pas vraiment surprenant pour Pierre-Michel Llorca, professeur de psychiatrie, chef de service au CHU de Clermont-Ferrand et directeur des soins de la Fondation FondaMental. La crise du Covid-19 nous a poussés dans un état d’hyper-vigilance, état auquel nous savons faire face de façon ponctuelle, mais là, cet état d’hypervigilance s’est prolongé pendant plusieurs semaines, décrypte-t-il. Et après la phase de stress constant, nos ressources sont épuisées. Dès lors, soit on a une capacité à refaire ses ressources rapidement, à se réajuster souvent grâce à un bon environnement social ou familial ; soit l’hyper-vigilance reste de mise et l’épuisement physique et mental perdurera.