Les écoliers de Sevran se cachent

Privés de récré. Les 600 élèves de l’école primaire Montaigne de Sevran n’ont pas été punis pour avoir fomenté un coup contre une enseignante un peu trop sévère ou pour se plaindre d’une absence de bonbons dans les distributeurs de l’école. Les petits écoliers ont été privés à trois reprises ces dernières semaines de marelle et autres jeux de ballons en raison des tirs à balles réelles entendus dans le voisinage. Hier, c’est un jeune homme qui a été blessé au cours d’une course poursuite en scooter durant laquelle des coups de feu ont été échangés, à quelques dizaines de mètres de l’école.

Le quartier est en effet le théâtre d’une guerre des gangs qui, selon Stéphane Gatignon, le maire Europe Ecologie Les Verts de cette commune de Seine-Saint-Denis, s’affrontent pour le contrôle de deux lieux de vente de cannabis « assez importants » :« C’est comme ça depuis le mois de mars, après une tentative d’homicide sur un trafiquant. Les dealers s’affrontent avec des pistolets mitrailleurs Uzi », raconte Stéphane Gatignon sur le site Rue 89. « En mars, il y a eu des tirs en rafale sur une façade d’immeuble, des gens ont reçu des balles chez eux, à travers leur baie vitrée. »

Le premier magistrat de Sevran a donc pris ses dispositions : il réclame une force d’intervention permanente calquée sur le modèle des « casques bleus » : « Je demande au ministre de l’Intérieur d’envisager une présence de l’armée 24 heures sur 24 avec une fonction de force d’interposition afin de faire cesser les règlements de compte et d’éviter les risques de balles perdues et de tragédies ».

Si le maire ne demande pas des moyens policiers supplémentaires, c’est qu’il les a déjà. « On a déjà l’hélicoptère, la police, et ça ne suffit pas », a-t-il déploré sur Europe 1 dénonçant une situation de crise extrême.

S’il ne parle pas d’une présence de l’armée, le député de la circonscription, François Asensi (PCF) réclame pour sa part « que la police bénéficie des moyens adaptés à son action pour démanteler les réseaux mafieux liés à la drogue ».

Même si l’établissement n’a jamais été la cible de coups de feu, les tirs sont audibles dans les salles de classe et la peur d’une balle perdue commence à gagner du terrain. Du côté des instituteurs, on parle de « confinement ». Comme dans une catastrophe nucléaire. « La première fois, une élève a cru que c’était à cause de la radioactivité de Fukushima », raconte un professeur. « On ferme les fenêtres pour limiter le bruit, mais on sait bien que les enfants sont moins attentifs aux cours », témoignent dans les colonnes du Parisien des instituteurs. « On leur dit de rentrer vite chez eux après la classe »…(Source Le Télégramme)

Voilà bien où nous en sommes à force d’être angéliques à gauche. Il est temps que certains de leurs élus, comme le réclament Julien Dray et Manuel Valls, n’aient plus peur du mot sécurité.